Avec Trump, peut-on encore se rendre aux États-Unis en 2025?

Le contexte actuel, en plus de l’attitude du gouvernement républicain, nous amène à nous poser cette question. La décision est particulièrement difficile pour ceux qui, comme moi, ont de nombreux amis américains. Ils n’ont pas voté Trump, et souffrent de la situation actuelle. Certains vont même jusqu’à dire qu’ils vivent sous un régime totalitaire.

Pourtant, bien que je ne me rende pas souvent aux États-Unis, j’aimerais aller voir mes amis. Mais est-ce vraiment le bon moment ? D’ailleurs, la question ne devrait-elle pas plutôt être : doit-on aller aux États-Unis ?

Doit-on aller aux États-Unis ?

Voici deux raisons pour lesquelles je dirais non :

L’histoire de cette Canadienne qui a été arrêtée à la frontière sans raison et qui a été illégalement détenue pendant deux semaines dans un centre de détention de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement). Alors qu’elle était en règle!

Et surtout, ce texte de l’ancien secrétaire au Travail Robert Reich : Si vous envisagez un voyage aux États-Unis, veuillez reconsidérer votre décision.

Ce n’est pas la première fois que Trump fait fuire les gens, lors de sa première élection, les professionnels du tourisme, avait annoncé la Trump Slump, une baisse dévastatrice dans le tourisme aux États-Unis

« Inhumain » : une actrice canadienne détenue pendant 12 jours par l’ICE

Dans un article du Guardian, Jasmine Mooney, une Canadienne, partage son vécu douloureux d’incarcération par l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) aux États-Unis. Elle y a passé deux semaines dans le flou total. Pendant qu’elle discutait de son visa de travail approuvé avec un agent de l’immigration, elle a été soudainement interpellée et fouillée comme une délinquante, puis transférée dans un centre de rétention de l’ICE.

Jasmine s’est retrouvée dans une cellule glaciale avec d’autres femmes, sans qu’on lui dise quand elle serait libérée. Les conditions étaient difficiles : les lumières ne s’éteignaient jamais, la nourriture était suspecte et personne ne répondait à ses interrogations.

Trois jours plus tard, Jasmine a été transférée au centre de détention d’Otay Mesa, où elle a été traitée comme une prisonnière. Elle décrit des conditions indignes, telles que le manque d’informations, des fouilles corporelles intrusives, et l’absence de commodités élémentaires.

les lumières ne s’éteignaient jamais, la nourriture était suspecte et personne ne répondait à ses interrogations.

Grâce à l’attention des médias, Jasmine a finalement pu recouvrer la liberté. Elle exprime sa gratitude pour le soutien qu’elle a reçu, mais critique le système de détention de l’ICE, le qualifiant de cauchemar bureaucratique et de business lucratif pour les entreprises privées qui gèrent les centres de détention.

L’article entier ici : I’m the Canadian who was detained by Ice for two weeks. It felt like I had been kidnapped Ca fait vraiment froid dans le dos!

Si vous envisagez un voyage aux États-Unis, veuillez reconsidérer votre décision.

Voici un billet de l’ancien secrétaire au Travail Robert Reich.

Amis,

Je m’adresse à ceux d’entre vous qui vivent dans d’autres pays.

Comme vous le savez probablement, nous, ici aux États-Unis, faisons face à la plus grande crise de l’histoire de notre démocratie, et nous avons besoin de votre aide.

Trump et d’autres membres de son régime (Elon Musk, JD Vance, Marco Rubio, Kash Patel, Pete Hegseth, Pam Bondi) sapent activement notre système de gouvernement — usurpant le pouvoir du Congrès de financer le gouvernement, déclarant qu’ils « se moquent » de ce que disent les juges, arrêtant des manifestants pacifiques, enquêtant sur les « ennemis » de Trump, prenant parti pour Poutine contre l’Ukraine, encourageant la bigoterie et semant une peur généralisée.

Sachez que le régime Trump ne représente pas la majorité des Américains.

Sachez que le régime Trump ne représente pas la majorité des Américains. Trump a remporté l’élection présidentielle de 2024 avec une marge très étroite (1,5 %), mais la moitié des Américains n’ont pas voté, y compris beaucoup de ceux qui avaient voté pour Biden en 2020. Les sondages montrent constamment que la majorité des Américains ne soutiennent pas les actions de Trump.

Comment pouvez-vous nous aider ?

Comme la plupart des tyrans, Trump ne peut être contraint que si tout le monde s’oppose à sa tyrannie — y compris vous.

Premièrement, si vous envisagez un voyage aux États-Unis, veuillez reconsidérer votre décision. Pourquoi récompenser l’Amérique de Trump avec vos dollars de touriste ?

Les dépenses des non-Américains aux États-Unis constituent une source importante de revenus fiscaux et une « exportation » majeure de cette nation. Il n’y a aucune raison pour vous de soutenir indirectement l’économie de Trump.

De nombreux voyageurs internationaux préoccupés par l’autoritarisme de Trump ont déjà annulé leurs voyages aux États-Unis. Je vous suggère de faire de même.

La semaine dernière, Trump a menacé d’imposer une taxe de 200 % sur le vin et l’alcool européens après avoir qualifié l’Union européenne de « l’une des autorités fiscales et tarifaires les plus hostiles et abusives au monde ».

Pourquoi récompenser cette rhétorique belliqueuse ? De nombreux Européens évitent déjà les voyages à Disney World et les festivals de musique américains.

Les voyages en provenance de Chine, une cible fréquente du mépris de Trump, ont diminué de 11 %. Les touristes chinois choisissent de passer leurs vacances en Australie et en Nouvelle-Zélande plutôt que de visiter les parcs nationaux américains.

Nos chers voisins du nord, qui ont longtemps été la principale source de voyages internationaux vers les États-Unis, décident de visiter l’Europe et le Mexique à la place.

En réponse au désir répété de Trump de faire du Canada un « 51e État », l’ancien Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a exhorté les Canadiens à ne pas passer leurs vacances en Amérique.

Un boycott informel par les voyageurs canadiens a commencé. Le nombre de Canadiens retournant en voiture des États-Unis a déjà diminué de 23 % en février, et les voyages aériens des Canadiens revenant des États-Unis ont diminué de 13 % par rapport à l’année dernière, selon Statistique Canada.

Globalement, on s’attend à ce que les voyages internationaux vers les États-Unis diminuent d’au moins 5 % cette année.

Bien que nous ayons aimé (et profité de) vos visites, je vous encourage à rejoindre nombre de vos compatriotes et à décider, au moins pour l’instant, de ne pas venir aux États-Unis.

Deuxièmement, si vous envisagez de venir aux États-Unis avec un visa étudiant ou même un visa H-1B, qui permet aux citoyens étrangers hautement qualifiés de vivre et de travailler ici, vous devriez également reconsidérer votre décision.

Peut-être attendez-vous quelques années jusqu’à ce que, espérons-le, le régime Trump prenne fin.

Il n’est pas entièrement sûr pour vous d’être ici, de toute façon.

Le Dr Rasha Alawieh, 34 ans, spécialiste des greffes de rein et professeure à l’école de médecine de l’Université Brown, qui était légalement aux États-Unis avec un visa H-1B, a été expulsée sans explication, bien qu’un tribunal ait ordonné de bloquer son expulsion.

Le Dr Alawieh s’était rendue le mois dernier au Liban, son pays d’origine, pour rendre visite à des proches. Lorsqu’elle a tenté de revenir de ce voyage aux États-Unis, elle a été détenue par les autorités américaines de l’immigration et des douanes et placée sur un vol à destination de Paris, présumément en route vers le Liban.

Le Liban ne figure même pas sur une liste provisoire de nations dont l’administration Trump envisage d’interdire l’entrée aux États-Unis.

Même s’il y a une pénurie aux États-Unis de travailleurs qualifiés dans votre spécialité, vous pourriez être expulsé à tout moment, pour n’importe quelle raison ou sans raison.

De même, si vous envisagez de venir en Amérique avec un visa étudiant, vous pourriez considérer le risque en ce moment. Un étudiant diplômé de l’Université Columbia a été arrêté et détenu pour n’avoir fait que protester pacifiquement contre les politiques de Netanyahu à Gaza.

L’administration de l’Université Brown conseille aux étudiants étrangers, avant les vacances de printemps, de « considérer le report ou le retard des voyages personnels en dehors des États-Unis jusqu’à ce que davantage d’informations soient disponibles auprès du Département d’État américain ».

Ce n’est pas seulement le risque. Ce sont aussi les circonstances. Si vous vous souciez de la démocratie, ce n’est pas le moment de venir ici avec un visa étudiant ou H-1B car le régime Trump foule aux pieds la Constitution des États-Unis.

Dimanche, le régime Trump a expulsé des centaines de ressortissants vénézuéliens des États-Unis en vertu de l’Alien Enemies Act, vieux de plusieurs siècles — qui jusqu’à présent n’avait été utilisé qu’en temps de guerre — même si un juge fédéral a bloqué la décision et ordonné aux avions transportant certains des Vénézuéliens de faire demi-tour vers les États-Unis.

Dimanche soir, Trump a déclaré aux journalistes que les Vénézuéliens qu’il avait renvoyés au Venezuela étaient des « mauvaises personnes ».

Mais personne ne peut prendre Trump au mot lorsqu’il dit que ce sont des « mauvaises » personnes. Trump utilise couramment le terme « mauvaises personnes » pour désigner ceux qui s’opposent à lui ou le critiquent, ou qu’il n’aime pas.

Quelle que soit votre raison de vouloir venir aux États-Unis — en tant que visiteur, étudiant ou travailleur qualifié H-1B — vous pourriez reconsidérer vos plans.

Décider de ne pas venir enverrait un signal que vous êtes justifié de vous inquiéter pour votre sécurité et votre sécurité ici et que vous êtes aussi révolté par les attaques du régime Trump contre la démocratie que la plupart d’entre nous, Américains.

Robert Reich