Faire la somme de tout ce qu'on a appris au cours d'une vie entièrement consacrée à la mer pour faire naître un bateau aux allures de concept et s'en aller naviguer dans les coins les plus difficiles. Voilà un jolie programme ! C'est celui de Jacques Peignon qui lance Périple 50, un bateau de voyage original qui témoigne d'une réflexion très approfondie sur les besoins de ce type de navigation et les moyens les plus modernes d'y répondre. Après la présentation dans ce numéro des grands axes du projets, nous vous inviterons le mois prochain à une visite point par point d'un bateau qui n'a pas fini de faire parler de lui.
"Dans les années 60-70, il y a eu les Joshua. On a évolué dans les années 80 avec la génération des Damien. Depuis, rien! On navigue aujourd'hui dans les régions polaires avec des bateaux qui reposent sur des conceptions vieilles de plus de 20 ans..."
C'est Jacques Peignon qui parle. La remarque est sèche mais en y réfléchissant un peu, il est difficile de lui donner tort. A part quelques vieux bateaux de courses reconvertis au charter austral, on n'a rien sorti de vraiment neuf dans ce domaine - excepté sans doute ANTARTICA, projet trop extrême pour être assimilé au bateau de plaisance destiné à un propriétaire privé. Disons que le terrain a été défriché, mais il reste à le redécouvrir. Jacques Peignon, lui, est de la trempe des pionniers. Quarante ans et des poussières : l'âge du capitaine ne pousse pas encore à la biographie et pourtant, les années semblent avoir compté double si l'on en juge par l'éclectisme d'un CV très rempli. Le virus du Sud, Jacques le tient de son parcours initiatique entamé en 1976 : 4 ans autours du monde en solitaire sur CHAMPI, une goélette en ferro construite en amateur à la grande époque, avec comme plat de résistance quatre mois en Antarctique.
Depuis les expériences se sont succédé, de la course au charter de luxe, en passant par les missions humanitaires et les suivis de chantiers.
L'accumulation est aujourd'hui suffisante pour se lancer en guise d'accomplissement, dans la gestion d'un projet aussi ambitieux que Périple 50.
Il s'agit de faire naître une série de voiliers monocoques de 50 pieds destinés au grand voyage avec une prime aux navigations australes.
Le proto de la série, dont la construction vient de débuter, sera celui de jacques. Avec déjà vingt demandes sérieuses, le baroudeur installé pour l'occasion à La Rochelle, croit en l'existence d'une clientèle suffisante pour envisager la petite série : "Je ne pense pas que l'attirance pour les navigations extrêmes appartienne au passé. Ce qui bloque pas mal de propriétaires aujourd'hui, c'est qu'ils ne trouvent pas sur le marché de bateau moderne vraiment adapté. Les gens suffisamment installés dans la vie pour pouvoir consacrer un budget de 2,5 millions de francs à un bateau complet, il y en a. Ces gens ont une certaine culture nautique, ils ont déjà été propriétaires de bateaux de séries ou de voyage et ils attendent simplement qu'on leur propose un concept un peu neuf pour s'engager."
Les bases : autonomie et sécurité
Pierre-Marie Bourguinat
Loisirs Nautiques numéro 308 - Aout 1997 |