27 février 2004

Stations baleinières de Kerguelen

Journal de Bord

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Sur le quai de Port aux Français


Voilà les côtes de Kerguelen qui lentement disparaissent à l'horizon. Nous avons quitté Port aux Français ce matin après deux jours d'escales réparatrices, mais laissez nous vous raconter par le début notre séjour dans ce dédale de rocher et d'îlots nommé golfe du Morbihan. Après avoir découvert les restes de la ferme de port Couvreux au fond du Golfe des Baleiniers, nous avons contourné par le Nord-Est les grandes plaines de la péninsule Courbet durant la nuit.

Voilà les côtes de Kerguelen qui lentement disparaissent à l'horizon. Nous avons quitté Port aux Français ce matin après deux jours d'escales réparatrices, mais laissez nous vous raconter par le début notre séjour dans ce dédale de rocher et d'îlots nommé golfe du Morbihan. Après avoir découvert les restes de la ferme de port Couvreux au fond du Golfe des Baleiniers, nous avons contourné par le Nord-Est les grandes plaines de la péninsule Courbet durant la nuit. C'est sur les longues plages de celle-ci que viennent se masser en septembre 30 000 à 40 000 éléphants de mer pour se reproduire. On y trouve également une colonie de gorfous dorés à proximité du Cap Cotter avoisinant les 600 000 individus ainsi que la colonie de manchots royaux de Ratmanoff constituée de 20 000 couples.

Nous sommes rentrés dans la « passe-royale » au petit matin, accueillis à la VHF par d'anciens compagnons d'hivernage de Romain, Philippe et Bernard, puis par Alain Lamalle, le responsable logistique de l'Institut Paul Emile Victor (IPEV). Notre programme chargé et une fin de dépression nous incitèrent à nous enfoncer dans les chenaux du golfe du Morbihan C'est à Port Jeanne d'Arc, au fond du golfe, que nous trouvâmes un mouillage relativement abrité et sûr grâce à la présence d'un coffre habituellement employé par le chaland de la base de Port Aux Français. Grâce au zodiac du bord, quelques minutes plus tard nous étions à terre pour découvrir les restes de l'unique station baleinière jamais construite sur le territoire français.

Dehors les chaloupes éventrées s'affaissent lentement contre des rangées de bidons rouillés servant autrefois au stockage de la graisse de baleine. Cette station baleinière fut installée en 1908 par la firme anglo-norvégienne de Capetown Storm Bull avec l'accord des frères Bossière alors concessionnaires de l'île. A coté des infrastructures de l'usine où de grosses chaudières permettaient de faire fondre la graisse, 4 bâtiments en bois de style norvégien servaient d'habitations. Comme à port Couvreux, la station baleinière de Port Jeanne d'Arc fut fermée durant la première guerre mondiale et c'est une autre firme norvégienne, la « Kerguelen whaling sealing comp » qui redémarrera l'exploitation jusqu'en 1925. A partir de cette date, les installations seront progressivement abandonnées et les activités de chasse à la baleines et à l'éléphant de mer se poursuivent à partir du navire usine le « Radiolène » assisté de plusieurs navires chasseurs. La compagnie continuera ses activités jusqu'en 1929. Une atmosphère troublante règne au milieu de ces amas de tôles rougies par la rouille, de ces débris boisés disséminés par les vents et de ces bâtiments délabrés. On ne peut s'empêcher d'imaginer les mastodontes hissés sur le pan incliné en bois en attente d'être dépecées, au milieu des vapeurs des chaudières et des carcasses des précédents animaux traités. Après être tombé en ruine, Port Jeanne d'Arc est maintenant en cours de restauration. Lentement outils et bâtiments retrouvent leur lustre d'antan mais il reste encore beaucoup à faire.

Nous avons quitté port Jeanne d'Arc au petit matin pour reprendre notre route vers Port aux Français. Une brève halte à Port Bizet sur l'île longue nous permis de faire connaissance avec Christophe. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Christophe est berger et s'occupe durant les cinq mois de la campagne d'été du troupeau de moutons cantonné sur cette île. Comme il nous l'expliqua ce cheptel ovin de 3000 têtes de race Bizet constitue non seulement un patrimoine génétique unique, puisque aucun croisement avec quelque autre race n'est possible, mais permet également d'alimenter la base de Port aux français ainsi que celles des autres districts en viande. Après une prise de coffre un peu sportive dans l'anse de l'Aurore Australe, nous mîmes enfin pieds à terre sur le petit quai de Port aux Français en fin d'après midi. L'installation de cette base débuta en 1950 par la mise en place d'une station météorologique. Les infrastructures ne cessèrent de s'étendre depuis et désormais de nouveau bâtiments sont en cours ou en projet de construction afin de remplacer d'anciennes structures désaffectées. L'accueil des Pafiens (résidents de Port Aux Français) fût des plus chaleureux et nous fûmes rapidement conviés dans les différents bâtiments à partager quelques collations.

Les repas sur la base furent l'occasion de retrouver bon nombre de visages connus pour Pierre Emmanuel et Romain et ainsi de se remémorer non sans nostalgie moult souvenirs communs. Une nouvelle fois les membres de la mission nous offrirent spontanément leur aide, leur soutien et surtout leur gentillesse. Encore un grand MERCI. Nous faisons désormais route vers l'île Australienne Heard que nous devrions atteindre durant la nuit prochaine et nous y ferons une brève escale avant de poursuivre notre navigation vers la Terre Adélie. Nous vous transmettrons nos impressions dans nos prochains messages.

Position 52''45'027 Sud, 73''12'087Est

L'équipage.

Posted by didier at 08:29 AM