29 février 2004
Questions/réponses 02
EcolesPêche à la Légine - (c) P.E. Chaillon
Bonjour,
Nous suivons toujours votre progression avec passion.
1 Pouvez-vous nous donner des précisions sur le type de poissons que vous rencontrez dans l'océan?
2 Croisez-vous de gros navires de pêche?
3 Pensez-vous que certaines espèces de poissons sont en voie de disparition à cause du non respect des périodes de reproduction?
Nous aimerions orienter notre projet de loi sur ce sujet... Qu'en pensez-vous?
Merci de votre réponse .
A bientôt. La classe de Cm2 de Ploëmel.
Bonjour à toute la classe de CM2 de Ploemel. Cela nous fait particulièrement chaud au cœur de voir que vous suivez notre périple avec attention et nous sommes très heureux de pouvoir répondre à vos questions. Voici donc en quelques ligne un petit texte qui vous permettra de trouver, nous l’espérons, les réponses que vous attendez :
Champsocephalus gunnari - (c) FAO
1 Nous n’observons malheureusement pas beaucoup d’espèces de poissons dans ces mers australes puisque nous n’avons entre autre pas pris le temps de pêcher.
Néanmoins, de nombreuses espèces vivent dans ces zones puisque des quelques 20 000 espèces de poissons recensées, un peu plus de 200 peuvent se rencontrer au Sud de la convergence antarctique. Parmi elles, trois principales sont exploitées. Il s’agit du poisson des glaces,Champsocephalus gunnari, qui est exploité par des chalutiers pélagiques (en pleine eau) notamment autour de l’île Heard et de la Géorgie du Sud. Cette espèce fut exploitée par le passé dans les eaux des îles Kerguelen par une flotte de navires usines russes mais le stock y est désormais si faible qu’aucune exploitation industrielle rentable n’est envisageable. Une autre espèce très convoitée est la légine australe, Dissostichus eleginoides, qui est présente dans la zone antarctique. Elle est capturée principalement à l’aide de palangres (lignes de fond garnies d’hameçons) autour des îles Bouvet, Prince Edward, Crozet, Kerguelen, Heard, de la Géorgie du Sud ou encore sur le plateau de patagonie. Ce poisson fait l’objet d’une pêche illégale dans plusieurs zones et l’état de ses stocks en est donc affecté. La troisième espèce pêchée est la proche cousine de la précédente; à savoir la légine antarctique Dissostichus mawsoni qui est également capturée à l’aide de palangres mais uniquement autour de la péninsule antarctique et dans la mer de Ross.
Dissostichus eleginoides - (c) mdp.edu.ar
2 Lors des quarts de nuit , nous avons aperçu les lumières de navires de pêche exploitant vraisemblablement la légine australe. Les bateaux travaillant dans ces eaux font en général de 50 à 70 mètres de longueur pour les palangriers. Nous savons par expérience par ailleurs que les chalutiers capturant le poisson des glaces sont des unités mesurant d’environ 70 à plus de 100 mètres. Bien évidemment, étant donné l’éloignement des ports de déchargement, ces navires industriels transforment et congèlent directement le poisson à bord.
3 Tous ces navires vont pêcher de plus en plus loin et de plus en plus profond en raison de la diminution des stocks de nombreuses espèces. Que ce soit en antarctique ou dans les autres aires du globe, maintes espèces sont en nette diminution de biomasse. Il est vraisemblable que cette chute des stocks soit surtout due à une surexploitation massive ainsi qu’à la capture des juvéniles. Il faut bien évidemment préserver une biomasse de géniteurs suffisante et préserver les juvéniles par la suite. La pêche incontrôlée et illégale est également une des raisons de cette surexploitation. Il faut par ailleurs savoir que de nombreuses techniques de pêches employées de nos jours sont non sélectives ; à savoir quelles pêchent également d’autres espèces que les espèces ciblées sans connaître l’impact que cela puisse avoir. C’est entre autre sur ce dernier point qu’un projet de loi pourrait certainement s’inscrire.
Par exemple, en Bretagne la pêcherie côtière capture de nombreux spécimens juvéniles de merlu ce qui peut mettre cette dernière espèce en péril dans le golfe de Gascogne. De même, la plupart des espèces commencent à être exploitées sans données scientifiques suffisantes quant à leur biologie et ce n’est que lorsque des signes alarmants de surexploitation se font sentir que des études sont menées afin d’en estimer le stock restant.
L’équipage de Périple Terre Adélie.