1 mars 2004
L’île Heard
Journal de Bord36 heures après notre appareillage de Port Aux Français aux Kerguelen nous arrivions à l’île Heard. Cette journée et demie entre le 49ème et 53ème parallèle Sud ne fut pas de tout repos puisqu’un vent de 25 Nœuds établis agrémenté de rafales à plus de 35 Nœuds et d’une mer forte vinrent compliquer notre transit entre les deux îles.
Nous mouillâmes finalement de nuit au fond de la baie Corinthian, au pieds de cette merveilleuse langue glacière qu’est le glacier Baudissen. Moraines et séracs prennent fin en bordure de rivage et notre position au mouillage nous offre un formidable point de vue sur ce paysage de glace et de roche volcanique. Le « Mawson Peak », volcan dont la dernière éruption date de 1993 et point culminant de l’île avec ses 2745m est malheureusement noyé dans la chape nuageuse mais la beauté désertique de ses versants nous laisse présumer de celle de sa cime.
Heard accueille en période estivale des ornithologues, des mammalogistes, des géologues ou encore des glaciologues qui n’y séjournent désormais plus que durant quelques mois certains été, étant donné la désaffection des infrastructures permanentes de l’Australian National Antarctic Research Expedition (ANARE) en 1955. Le navire ravitailleur « Southern Supporter », actuellement présent sur la zone afin de récupérer l’équipe scientifique à terre termine par la même le nettoyage des déchets de la base d’Atlas Cove. Une courte visite à son bord nous a permis de faire connaissance avec Nick Gales, responsable scientifique pour l’Australian Antarctic Division. Il nous a entre autre expliqué que l’île était vierge d’espèces introduites à l’exception d’une espèce végétale Poa annua et que le nombre annuel de visiteurs était par conséquent limité afin de prévenir au maximum toutes introductions accidentelles d’espèces. N’ayant pas réalisés de demande officielle préalable auprès des autorités Australiennes, nous ne serons donc pas habilités à fouler la terre ferme. Nous prenons néanmoins cette décision avec la plus grande philosophie car nous sommes bien conscients du risque que représente la présence humaine pour ces fragiles écosystèmes. Malgré toutes nos précautions, de nombreuses graines peuvent rester prisonnières des vêtements et chaussures et ainsi être malencontreusement disséminées lors de nos randonnées à terre.
Le vent fraîchissant commence à pousser son hurlement caractéristique dans les drisses et haubans du gréement et nous ne poursuivrons vraisemblablement notre route que demain lorsque les conditions météorologiques seront plus clémentes. Peut-être aurons nous la chance de profiter du calme matinal pour caboter et aller découvrir les multiples glaciers venant mourir dans la mer. Il faut savoir que Heard est couverte à 70% de glace malgré le retrait significatif des glaciers ces dernières années.
En attendant l’accalmie nous en profitons pour réaliser quelques bricolages sur le bateau et étudier la route que nous suivrons dans les jours à venir.
Position le 27/02/04 à 14:30 UTC : 53°01’S/73°25’E
L’équipage de Périple Terre Adélie.